Après 15 ans dans le métier, j’ai développé un radar assez fiable pour repérer les fromages qui vont percer. Comment je fais ? Je regarde trois choses : ce que demandent mes clients, les évolutions du marché, et surtout… les fromages que mes confrères commencent à référencer discrètement.
En 2025, je vous le dis : on va assister à une vraie révolution du goût français. Fini l’époque où tout le monde ne jurait que par le trio Camembert-Roquefort-Comté. Les consommateurs cherchent de l’authenticité, de l’histoire, du caractère. Et j’ai repéré 5 pépites qui cochent toutes ces cases.
Comment je repère les futures stars du fromage
Depuis que j’ai ouvert ma fromagerie, j’ai vu passer des modes. Le Saint-Nectaire qui était confidentiel dans les années 2000 et qui cartonne aujourd’hui. Le Maroilles qui est sorti de sa région pour conquérir Paris. L’Époisses qui a explosé grâce aux émissions TV.
Mes indicateurs sont simples :
- Les jeunes clients : ils me demandent quoi de nouveau, de différent
- Les réseaux sociaux : certains fromages deviennent « instagrammables »
- Les restaurateurs : ils testent avant nous
- Les concours agricoles : les médailles d’or d’aujourd’hui sont les stars de demain
Et cette année, j’ai noté 5 fromages qui cochent toutes mes cases. Préparez-vous, vous allez en entendre parler !
Mes 5 paris pour 2025
1. Le Bleu de Termignon (Savoie)
Pourquoi lui ? C’est le seul bleu français encore fait au lait cru avec les ferments naturels du foin. Pas de pénicillium ajouté, que du naturel !
L’histoire : Fabriqué dans un seul alpage à 2000m d’altitude, par une coopérative de 6 producteurs seulement. Les vaches broutent les herbes de montagne 4 mois par an maximum.
Pourquoi ça va exploser ? Le « zéro additif » devient une obsession des consommateurs. Et côté Instagram, un fromage qui bleurit naturellement dans les grottes d’alpage, c’est du contenu en or !
Le goût : Plus doux qu’un Roquefort, avec des notes de noisette et cette petite amertume délicate. Texture crémeuse, presque beurrée.
Où le trouver : Coopérative laitière de Haute-Tarentaise. Quelques fromagers parisiens commencent à l’importer. Comptez 40-45€/kg.
2. La Tommette de Savoie fermière (la vraie)
Pourquoi elle ? Parce que 90% des « tommettes » du marché sont industrielles. La fermière, elle, c’est un tout autre fromage.
L’histoire : Tradition des alpages savoyards depuis le 17ème siècle. Chaque producteur a sa recette secrète, transmise de génération en génération.
Pourquoi ça va exploser ? Le format parfait pour les nouveaux modes de consommation. Plus petit qu’un reblochon, plus accessible qu’un beaufort. Idéal pour les jeunes couples.
Le goût : Pâte souple, croûte morgée naturelle. Arômes de cave, de champignon, avec une pointe fruitée selon l’affinage.
Mon producteur coup de cœur : GAEC des Alpages à Flumet. Ils font encore paître leurs abondances sur les hauteurs. Tommette à 18€/kg, mais quelle différence !
3. Le Pélardon fermier AOP (Cévennes)
Pourquoi lui ? Il surfe sur la vague du fromage de chèvre, mais avec un caractère unique que n’ont pas les crottins classiques.
L’histoire : Fromage des bergers cévenols, fait avec le lait de chèvres qui mangent les châtaignes et les herbes de garrigue. L’AOP existe depuis 2000 seulement.
Pourquoi ça va exploser ? Les fromages de chèvre de caractère sont en forte demande. Et celui-ci a cette petite amertume de châtaigne qui rend accro.
Le goût : Frais, il est doux et crémeux. Affiné 3 semaines, il développe une croûte plissée et des arômes puissants de sous-bois.
Adresse secrète : Chèvrerie de la Fage à Saint-Jean-du-Gard. Marie-Claire élève ses chèvres en liberté totale. Son Pélardon affiné 1 mois est une tuerie.
4. Le Chaource fermier (Champagne)
Pourquoi lui ? Le Chaource industriel a massacré la réputation de ce fromage. Mais le fermier, c’est un camembert de luxe !
L’histoire : Fromage des moines de l’abbaye de Pontigny au Moyen Âge. La version fermière avait quasiment disparu, elle revient grâce à 3-4 producteurs passionnés.
Pourquoi ça va exploser ? Il a tout du fromage « tendance » : crémeux, accessible mais raffiné, parfait avec du champagne (l’accord local qui cartonne).
Le goût : Pâte crémeuse au cœur, plus ferme vers la croûte. Goût de crème fraîche, pointe de champignon, finale légèrement salée.
Mon producteur référence : Ferme de la Croix Joly à Chaource (évidemment !). Sylvain fait paître ses vaches sur les coteaux champenois. Chaource à 28€/kg, mais c’est de l’art.
5. La Fourme de Montbrison AOP
Pourquoi elle ? Elle sort enfin de l’ombre de sa cousine d’Ambert. Et elle a tout pour plaire aux nouveaux consommateurs de bleus.
L’histoire : Plus ancienne que la Fourme d’Ambert mais moins connue. Fabriquée uniquement dans les Monts du Forez, avec des règles plus strictes.
Pourquoi ça va exploser ? Plus douce que Roquefort, plus caractère que le bleu d’Auvergne. Le compromis parfait pour initier au bleu.
Le goût : Pâte ivoire, bleu-vert délicat. Goût de crème avec une pointe métallique douce. Texture fondante, presque sucrée.
À retenir : La coopérative de Montbrison fait un travail remarquable. Leur Fourme AOP vieillit 2 mois minimum en caves naturelles. 32€/kg environ.
Dégustation optimale : mes conseils
Pour chacun de ces fromages, la dégustation compte énormément :
Température : Sortez-les 1h avant service. La froideur masque leurs subtilités.
Accompagnements :
- Bleu de Termignon + miel de montagne
- Tommette fermière + noix fraîches
- Pélardon affiné + confiture de châtaigne
- Chaource fermier + champagne (évidemment !)
- Fourme de Montbrison + poire williams
Pain : Évitez le pain aux noix qui masque. Préférez un pain de campagne ou aux céréales.
Où les trouver (mes adresses secrètes)
Paris :
- Laurent Dubois (plusieurs boutiques) : il a flairé le bon filon
- Fromagerie Goncourt (11ème) : sélection pointue de fermiers
- Quatrehomme (7ème et 15ème) : références rares
En direct :
- Marché de Lyon (Part-Dieu) le samedi
- Marchés de Provence pour le Pélardon
- Foires aux fromages d’Auvergne (automne)
Internet : Quelques sites commencent à les référencer, mais méfiance sur la conservation. Mieux vaut appeler les producteurs directement.
Mes autres prédictions pour le marché français
Ce qui va monter :
- Les fromages « zéro additif »
- Les petits formats (moins de gaspillage)
- Les fromages d’alpages d’été (saisonnalité)
- Les associations fromage + miel local
Ce qui va baisser :
- Les fromages pasteurisés sans caractère
- Les très gros formats (évolution des familles)
- Les fromages « marketing » sans histoire
Ma prédiction à 3 ans : Dans 3 ans, vous retrouverez mes 5 fromages dans tous les Monoprix. Ils coûteront 20% plus cher et auront perdu un peu de leur âme artisanale. C’est la rançon du succès.
Mon conseil final
Si un de ces fromages vous tente, foncez maintenant. Non seulement vous découvrirez des saveurs exceptionnelles, mais vous pourrez dire dans quelques années : « Moi, je les connaissais avant tout le monde ! »
Et surtout, quand vous les achetez, posez des questions au fromager. Demandez l’histoire, le producteur, la saison optimale. Ces fromages méritent qu’on s’y intéresse, qu’on comprenne leur personnalité.
C’est ça, la différence entre manger du fromage et vraiment l’apprécier. Et croyez-moi, avec ces 5-là, vous allez vraiment l’apprécier !
Petit pari personnel : revenez lire cet article dans 2 ans. Je parie que vous trouverez au moins 3 de ces fromages dans votre supermarché habituel. Et vous vous souviendrez que c’est votre fromager préféré qui vous les avait fait découvrir en premier 😉