Après 15 ans à sélectionner les meilleurs fromages pour mes clients, je peux vous dire que la burrata fait partie de ces produits qui ne pardonnent aucun compromis. C’est exactement le genre de fromage où l’expertise du fromager fait toute la différence entre une découverte magique et une déception totale.
L’histoire vraie de la burrata (pas la légende qu’on lit partout)
Contrairement à ce qu’on raconte souvent, la burrata n’est pas un accident heureux du XIXe siècle. Elle naît vraiment vers 1920 dans une ferme près d’Andria, dans les Pouilles. Lorenzo Bianchino, le fermier, cherchait un moyen d’utiliser les chutes de mozzarella qui restaient après la fabrication. Plutôt que de les jeter, il les a mélangées avec de la crème fraîche locale.
Le génie, c’était de créer cette « bourse » en mozzarella pour contenir le mélange. Le nom vient d’ailleurs de là : « burro » (beurre) pour la richesse du cœur, pas parce qu’il y a du beurre dedans comme certains le pensent.
La vraie composition (attention aux arnaques)
Une burrata authentique, c’est deux éléments indissociables :
L’enveloppe : de la mozzarella di bufala ou fior di latte (mozzarella de vache), étirée très finement. Elle doit être souple mais résistante, avec cette texture caractéristique de la pâte filée fraîche.
Le cœur : la stracciatella, mélange de filaments de mozzarella déchirés (« stracci » = chiffons) et de crème fraîche épaisse. Attention : dans l’authentique, la proportion crème/mozzarella est de 30/70, pas l’inverse.
Quand je vois des « burrata » industrielles avec un cœur quasi liquide, ça me fait bondir. C’est juste de la crème avec deux filaments de fromage pour faire joli.
Comment je reconnais une vraie burrata (mes critères de pro)
À l’œil : elle doit avoir une forme de poire naturelle, jamais parfaitement ronde. La surface est mate, légèrement plissée, pas brillante comme du plastique.
Au toucher : ferme mais souple. Quand on appuie légèrement, elle doit reprendre sa forme. Si elle garde la marque du doigt, c’est qu’elle n’est plus fraîche.
À l’ouverture : le cœur coule lentement, de façon crémeuse, pas liquide. Les filaments de mozzarella doivent être visibles et distincts.
Au goût : fraîcheur lactée dominante, légère acidité, texture onctueuse sans être grasse. Zéro amertume, zéro goût rance.

La conservation : mon protocole strict
C’est là où la plupart des gens font n’importe quoi. Une burrata, ça ne se conserve pas comme un camembert !
Jamais au frigo normal : le froid dur tue la texture et le goût. Maximum 12°C.
Dans son petit lait : elle doit toujours baigner dans son liquide de conditionnement.
Durée maximale : 48h après fabrication, idéalement 24h. Au-delà, elle devient aigre et perd sa texture.
Transport : si vous l’achetez chez un fromager sérieux, il vous la mettra dans une boîte isotherme. Rentrez direct chez vous, pas de courses après.
Ma méthode de dégustation parfaite
Température : sortie 30 minutes avant de servir, jamais froide.
Ouverture : je fais une incision en croix au sommet avec un couteau bien aiguisé. Le cœur doit s’épancher naturellement.
Accompagnements : tomates cerises de qualité, basilic frais, huile d’olive extra vierge, pain de campagne grillé. Point. Tout le reste masque le fromage.
Service : assiettes tièdes (passées 10 secondes sous l’eau chaude), pas de déco inutile qui refroidit le produit.
Les pièges du marché (attention aux fausses bonnes affaires)
Prix suspect : en dessous de 15€/kg, c’est industriel. Une vraie burrata artisanale coûte 20-25€/kg minimum.
Provenance douteuse : seules les Pouilles produisent l’authentique. Méfiance sur les « burrata de Provence » ou autres fantaisies marketing.
Conservation longue : si on vous dit qu’elle se garde une semaine, fuyez. C’est qu’elle est bourrée de conservateurs.
Aspect parfait : les vraies ont des irrégularités, des plis naturels. Les fausses sont lisses comme des ballons.
La saisonnalité (que peu de fromagers connaissent)
Comme tous les fromages frais, la burrata a ses saisons. Le lait de bufflonne est optimal de mai à septembre, quand les animaux paissent sur les prairies riches des Pouilles. En hiver, la qualité baisse naturellement.
Un vrai fromager vous dira quand NE PAS acheter de burrata plutôt que de vous vendre n’importe quoi toute l’année.
Mes accords secrets (15 ans d’expérience)
Classique réussi : burrata + pêches blanches + prosciutto di Parma + roquette.
Version automnale : burrata + figues fraîches + miel de châtaigner + noix.
Accord vin : Falanghina des Pouilles (logique !), Vermentino de Sardaigne, ou Sancerre blanc pour rester français.
Le conseil du fromager
Si c’est votre première vraie burrata, prenez-la chez un fromager qui connaît ses producteurs. Oui, ça coûte plus cher qu’au supermarché. Mais entre 6€ pour découvrir un produit d’exception et 3€ pour être déçu à vie, le choix est vite fait.
La burrata, c’est comme le champagne : quand c’est bien fait, c’est magique. Quand c’est raté, on comprend pourquoi certains n’aiment pas.
Faites-vous ce plaisir au moins une fois correctement. Vous comprendrez pourquoi les Italiens en sont si fiers.
Vous avez des questions sur la burrata ou d’autres fromages ? N’hésitez pas à me contacter. Après 15 ans de métier, j’aime partager la passion du vrai fromage !